Shake connut son heure de gloire durant trois ans, ce qui n'est déjà pas mal. Et quand on regarde deux secondes la pochette, on peut se demander comment il a fait : quand on vient poser en jambières de hockey sur gazon, une crosse, un petit polo vert et un micro (très micro) short, on peut s'attirer quelques quolibets. Shake a, outre des cuisses bronzées, une voix chaude mais un peu nasillarde, et cela peut importuner l'auditeur. Cependant, il reste selon moi, l'un des meilleurs imports de la fin des années 70.Pourtant, me direz-vous, ce qui compte, c'est la musique ? Alors, allons-y !
Pour cette face A, Je viens de loin propose une intro typique des années 70 qu'on retrouve peu ou prou dans La fille que j'aime de Ringo. Vous savez? Cette fameuse chanson où le mari de Sheila se prend pour Chuck Norris dans une prestation télé sur le plateau de Midi première. On peut parler de rengaine ici, vu le nombre impressionnant de refrains chaloupés décomptés en trois minutes de chanson.
Shake sait toutefois s'entourer. On retrouve dans son équipe Pascal Sevran, à qui il restera fidèle très longtemps à travers ses participations dans différentes émissions. On a tendance à l'oublier mais Sevran fut un très bon parolier qui a écrit pour Dalida, François Valéry, Linda De Suza, Frédéric François ou même Dany Saval et Max Guazzini, actuel co-directeur de la ligue de rugby et ancien apprenti-chanteur donc.
On retrouve également à la production de ce titre Claude Carmone, auteur pour beaucoup de figurants de la chanson française mais aussi pour Dalida, les Poppys ou Nicoletta. Le produit fini donne une chanson qui reste en tête mais cependant tout à fait anecdotique comparé à d'autres titres de Shake, comme You know I love you ou Rien n'est plus beau que l'amour.
En face B, La vie en fête présente là aussi une orchestration très datée, vaguement Tu es le soleil de ma vie sur les couplets. On a l'impression de l'avoir entendu un nombre incalculable de fois mais ça reste toujours réussi. Les paroliers réalisent le tour de force de faire dans le général, dans le lieu commun absolu. Ici, le thème imposé est... le bonheur. Voici le refrain :
On a tous du soleil dans la tête
Des morceaux de ciel au bout des doigts
On se fait de la vie une fête
Et la vie, c'est plus joli comme ça.
Et l'on peut déplacer des montagnes,
S'inventer des chateaux en Espagne,
Le bonheur, chacun de nous le gagne,
en ouvrant les yeux, Simplement.
Deux expressions éculées en une strophe, pas mal... Soyons honnête, c'est une face B donc la prétention sinon artistique, du moins commerciale et bien plus basse que sur la face A. Cela n'empêche pas le producteur de Shake de proposer à peu près la même structure musicale (couplets lents, refrains rapide et répétés jusqu'à plus soif) et il faut croire que ça fonctionne à l'époque bénie des années 70.
Fiche technique:
Shake
Je viens de loin / La vie en fête
Carrere
1976
Paroles et musique:
Face A: Alec / P. Sevran / C. Carmone
Face B: P. Auriat / P. Sevran / C. Carmone
Et la chanson: Shake en playback intégral avec un gros truc flou et brillant qui tourne derrière lui, il fait le job et c'est méritoire car en gros plan, on peut presque vérifier ses plombages, il n'a donc pas le droit à l'erreur, impossible de louper une syllabe. De loin, on a mal pour lui, tant son pattes d'eph semble ceintré. A noter l'apparition christique de Danielle Gilbert et Sheila tout à la fin.
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Sujet: Juin 1976: Shake – Je Viens De Loin 
Sam 1 Oct 2022 - 10:33
