Diffusion expérimentale de RTF Télévision 2
La deuxième chaîne de l’ORTF (ou ORTF Télévision 2; devenue deuxième chaîne couleur de l'ORTF le 1er octobre 1967) est une chaîne de télévision généraliste nationale française de l'Office de radiodiffusion télévision française diffusée sous ce nom là du 25 juillet 11964 au 06 janvier 1975 2
Histoire de la chaîne
Une deuxième chaîne de télévision a été mise en place, dans un premier temps pour la région parisienne, à la fin de 1963.
Loi no 64-621 du 27 juin 19641 remplace la Radiodiffusion-télévision française (RTF) par l'Office de radiodiffusion télévision française (ORTF) dont le statut gagne en autonomie en n'étant plus placée que sous la tutelle du ministère de l'Information afin de contrôler le respect de ses obligations de service public.
La loi entre en fonction le 25 juillet 19642 entrainant le changement de nom de RTF Télévision 2 en ORTF Télévision 2, plus communément appelée deuxième chaîne de l'ORTF.
La deuxième chaîne n'est alors reçue que par 20 % des Français et son audience en souffre grandement.
Les services techniques de l'Office mettent tout en œuvre pour poursuivre l'extension de son réseau de diffusion UHF à l'émetteur du mont Pilat fin octobre 1964, puis à celui du Puy-de-Dôme fin décembre, suivis de ceux de Caen, du pic de l'Ours et du pic du Midi en 1965.
Au printemps 1967, Jacques Thibau est chargé d'un plan de relance visant à donner aux programmes de la deuxième chaîne de l'ORTF plus de cohérence et d'attractivité.
Les soirées sont alors organisées autour d'un thème et de nouvelles émissions sont mises à l'antenne comme Les Dossiers de l'écran.
Le 15 septembre 1967, la deuxième chaîne est dotée d'un journal télévisé avec 24 heures actualités placé sous la direction de Louis Roland Neil.
Depuis 1962, le service de la recherche de la RTF puis de l'ORTF se penche sur les différents procédés de transmission télévisée en couleur, et c'est le codage couleur français au standard SECAM IIIB norme L à 625 lignes, inventé par l'ingénieur Henri de France, qui est définitivement choisi en 1966 pour entrer en vigueur en juin 1967.
Ainsi, le dimanche 1er octobre 1967 à 14 h 15, le ministre de l'information Georges Gorse, entouré du directeur de l'équipement et de l'exploitation Claude Mercier, du Directeur Général de l'ORTF Jacques-Bernard Dupont et du directeur de la télévision Emile Biasini, inaugurent depuis le studio 13 des Buttes Chaumont le passage à la couleur de la deuxième chaîne de l'ORTF3,4 sous le nom de deuxième chaîne couleur de l'ORTF.
Cette présentation de la télévision en couleur se poursuit avec l'émission Arc en ciel, constituée d'un reportage sur des parachutistes de l'armée de l'air aux parachutes très colorés, commenté par Pierre Tchernia et filmé par Alexandre Tarta et Jacques Dubourg5, suivi d'un show Marcel Amont filmé par Jean-Christophe Averty.
Une importante partie des programmes de la deuxième chaîne est alors transmise en couleur, d'abord douze heures par semaine, y compris les actualités télévisées.
Le premier grand évènement retransmis en couleur par l'ORTF sur la deuxième chaîne sont les Jeux olympiques d'hiver de 1968 à Grenoble diffusés en direct du 06 au 18 février 1968 et dont les images sont visibles par cinq à six cents millions de téléspectateurs de par le monde6.
En 1969, le nouveau premier ministre Jacques Chaban-Delmas organise un plan de libéralisation de l'audiovisuel qui supprime le ministère de l'information et sa tutelle sur l'Office en juin 1969.
Son application amène la mise en place sur chaque chaîne de télévision, le 16 septembre 1969, d'unités autonomes d'information dont les directeurs, nommés pour une durée déterminée, peuvent librement choisir les journalistes et utiliser sous leur seule autorité les moyens mis à leur disposition, la qualité des productions et l'objectivité de l'information devant trouver leur meilleure garantie dans le talent, la liberté, l'émulation de la conscience professionnelle des journalistes7.
Jacqueline Baudrier est nommée à la direction de l'information de le deuxième chaîne couleur, crée une rédaction et met à l'antenne 24 heures sur la Deux le 03 novembre 1969 présenté par Léon Zitrone et Michel Péricard.
En avril 1970, les actualités régionales sont proposées simultanément sur la première et la deuxième chaîne sur les émetteurs reçus dans deux régions voisines (par exemple à Niort, émission Télé-Limoges-Centre-Ouest sur la Une, et à Nantes Télé Loire-Océan sur la Deux).
Sur les autres émetteurs (Paris, Bordeaux, Dijon…) des dessins animés pour enfants sont proposés, créant une disparité mal perçue dans les régions ne recevant pas ce programme8.
La publicité « de marque » est introduite sur la deuxième chaîne couleur en janvier 1971 et sa commercialisation est assurée par la Régie française de publicité9, filiale de l'ORTF.
Le 03 juillet, la loi no 72-55310 sur le statut de l'ORTF entraîne une réorganisation de la direction des chaînes en deux régies de chaîne décentralisées et distinctes et plafonne les ressources publicitaires à 25 %.
Il s'ensuit le 11 septembre 1972 une réorganisation des unités d'information créées en 1969 sur chacune des chaînes et qui sont désormais intégrées à la direction des nouvelles régies.
Les directions des unités d'information disparaissent de fait.
Ainsi, la rédaction de 24 heures sur la Deux dirigée par Jacqueline Baudrier est transférée sur la première chaîne en remplacement d' Information Première, dont la rédaction, jugée trop indépendante par le pouvoir, est limogée.
Une partie des anciens journalistes d'Information Première (Jean-Michel Desjeunes, Alexandre Baloud, Jean-Pierre Elkabbach, etc.) migrent alors sur la deuxième chaîne couleur sur laquelle Jean-Pierre Elkabbach et Jean-Claude Héberlé créent une nouvelle rédaction, baptisée INF2, où débutent Gérard Holtz, Daniel Bilalian, Danièle Breem, Pierre Serra, Gérard Sebag ou Alain Doubesky.
Les actualités régionales sont diffusées simultanément sur la première, la deuxième et la troisième chaîne, nouvellement créée à partir de 1973.
La même année, le choc pétrolier contraint les émissions à s'arrêter à 23 h pour cause d'économie d'énergie.
Sur une idée de son président, Marceau Long, l'ORTF organise le 10 mai 1974 pour la première fois à la télévision et hors du cadre rigide de la campagne officielle, un débat entre les deux candidats au second tour de l’élection présidentielle, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, arbitré par Jacqueline Baudrier et Alain Duhamel et diffusé simultanément et en direct sur la première chaîne et la deuxième chaîne11.
La loi du 07 août 1974 modifie la gestion de l'audiovisuel public français.
L’article 2 dispose: « l’office de la radio-télévision française est supprimé ».
L'office est donc démantelé le 31 décembre 1974 et sept sociétés résultent de ce démantèlement (une holding pour regrouper le tout ayant été envisagée mais non retenue)12.
La deuxième chaîne ferme son antenne le lundi 06 janvier 1975 à 0 h 55 après la diffusion du Ciné-Club et laisse la place le même jour à la nouvelle société nationale de programme Antenne 2