Messages : 19688 Date d'inscription : 18/03/2022 Age : 66 Localisation : Tourcoing
Sujet: 05 avril 1987: Dalida Ven 5 Avr 2024 - 15:46
Vidéo de la réunion de l'Association Dalida
Au salon Hoche
"Dernier rendez vous ..."
En ce dimanche d'avril 1987, un vent froid souffle sur la capitale parisienne. Peu importe, tous les membres de l'association Dalida sont là. Ils viennent voir leur diva, leur artiste, celle qui est désormais une légende vivante aussi lointaine que ces divas hollywoodiennes tout en restant proche comme les mères qui réconfortent. Ils sont venus avec tous les documents possibles et inimaginables (disques, posters, cassettes, livres) pour que Dalida puisse poser dessus son autographe fétiche, celui qu'elle perfectionnait, déjà, dans l'avion qui la menait à Paris, 33 ans auparavant. D'autres admirateurs sont même venus avec un petit cadeau pour elle: chocolats, statuettes, photos ... Une passion fervente et un amour de 30 ans régnent et tous les âges sont représentés. A l'extérieur, une voiture vient de se garer. C'est la voiture d'Antoine Angelelli. Quelques fans se précipitent, Dalida sort de la voiture, esquissant un sourire de facade tout en disant "Bonjour". Fermant la portière fortement, elle s'écrie "Voilàààà, on va y aller". Vêtue d'un ensemble tailleur pantalon beige et d'un béret, la diva marche devant son frère et Antoine pour accéder plus rapidement au Salon. Elle est fatiguée, cernée et en même temps, heureuse d'être là. A peine arrivée devant l'assistance, une foule en délire scande son nom comme trois notes de musique : DA LI DA ! Que reste t-il de la grande Dalida, de sa flamboyance, de son bonheur, de son vrai sourire ? Pas grand chose en ce dimanche d'avril. On a du mal à croire que cette femme ait pu chanter la joie et l'amour avec autant de conviction pendant 30 ans. C'est une femme qui semble éprouvée, blessée avec une souffrance perceptible. Rien ne nous permet de retrouver son naturel d'antan. Toutefois, quelques expressions et quelques gestes lui sont incontournables et dans ces moments fugaces, on la retrouve ... notre Dalida. Dés lors qu'elle entend ses admirateurs crier son nom de scène, elle embrasse ses mains et offre à son public ses plus beaux "baisers". Elle sourit, regarde tout ce qui se passe autour d'elle, embrasse Bernard et Isabelle (les responsables de l'association de l'époque) et puis craque. Que se passe t-il dans sa tête à ce moment là ? Personne ne peut le savoir. Est ce la manifestation concrète de sa dépression ? Est ce une extrême sensibilité à tout cet amour ? C'est l'une des rares fois où Dalida éclate en sanglots en public. A cet instant, elle ne peut se contenir et pleure parmi tout le monde autour d'elle. Une admiratrice vient la prendre dans ses bras comme pour lui dire: "Ne t'inquiète pas, on est là, on ne te laissera pas tomber". Yolanda a peut être alors compris à cet instant que sa véritable réussite dans sa vie n'avait été que Dalida. Une réussite qu'elle vivait mal depuis quelques années mais qu'elle affichait avec beaucoup de contradiction, comme si elle ne savait plus trop où elle en était: la preuve, son pendentif au cou en or: le lettre D, qu'Orlando (évidemment !) lui avait offert pour ses 52 ans et qu'elle porte dans cette réunion. Reprenant ses esprits, la chanteuse prend le micro et remercie son public. S'en suivent de longues heures de dédicaces. Dans cette vidéo, le document a été réduit à quelques minutes mais le document de départ dure dans les 60/70 minutes. On peut constater l'absence flagrante de Dalida qui s'anime tel un robot devant ses admirateurs. Toujours gentille, souriante, prévenante et polie, elle dédicace en parlant un peu d'elle mais sa lassitude et sa fatigue sont clairement perceptibles. Cependant, elle semble être heureuse de revoir son public le plus proche, celui qui notamment la suit dans ses déplacements. Il est certain qu'elle savait, à ce moment là, que son tempérament suicidaire était très fort et qu'il fallait peu de choses pour qu'elle réenclenche la trame de sa propre fin. Elle a très certainement conscience que sa venue à cette réunion est la dernière. C'est une forme d'adieu, cela se ressent dans son discours. Les mots qu'elle utilise ne sont pas choisis au hasard. Orlando, derrière Dalida, est débout. Il s'impatiente, regarde les photos des admirateurs, les commente, dirige les fans comme un policier pour ne pas qu'ils parlent trop longtemps à Dali ... La diva, quant à elle, sourit devant les appareils photos. Elle dédicace pendant longtemps et à travers ces quelques signatures, elle ne peut s'empêcher, face à tous les documents qu'on lui porte pour les dédicacer, de se remémorer le film de sa vie, de sa jeunesse passée. En effet, on lui fait dédicacer de tout ! La femme de 54 ans rongée par sa solitude se voit alors brune sur quelques pochettes de disque, puis blonde flamboyante au Palais des sports sur un superbe cliché photo. Elle dédicace même certains de ses 25 cm de l'époque Barclay ... Le temps passe et Dalida sait, au fond d'elle même, que le temps laisse des marques indélébiles. Puis, c'est l'heure du départ ... Aucun commentaire ne peut être vraiment fait, il suffit de regarder les images. Une image qui me glace toujours autant: son sourire à la fin de la vidéo, quand elle referme la vitre de la voiture et qu'elle dit "Au revoir" avec un sourire qui n'a plus vraiment le goût du sourire. A titre personnel, je peux dire que ces images me touchent énormément, comme de nombreux admirateurs. Dalida fait partie de ma vie et j'ai un peu l'impression de voir un film d'une personne de ma propre famille. Le fait que cela soit filmé par un amateur, en camescope, joue également beaucoup dans mon ressenti. Guillaume M.