15 juin 1956: Johnny à 13 ans

Jean-Philippe Smet fête son 13ème anniversaire à Copenhague, où ses cousins danseurs itinérants venaient de s’échouer après avoir séjourné à Oslo et traversé la Baltique. Mais ce jour-là, 13 ans après la naissance du petit Jean-Philippe Clerc, naquit JOHNNY HALLYDAY.

Desta et Lee Ketcham avait décroché un contrat d’un mois à l’Atlantic Palace de Copenhague, un luxueux restaurant muni d’une salle de spectacle où ils devaient se produire deux fois par soirée, et, les weekends, un passage au moment du thé dansant. Jean-Philippe qui avait déjà gracieusement chanté sur scène, notamment en Allemagne, en Suède et en Finlande se voit, pour la première fois, intégré officiellement dans le show, à la suite du passage de ses cousins. Et, de fait, son nom devait être imprimé dans le programme du music-hall, ainsi que sur les affiches. C’est ainsi que naquit dans l’esprit de l’enfant l’idée de prendre lui aussi un pseudonyme.

« J’en ai assez de Jean-Philippe – dit-il – j’ai envie d’un vrai nom, je veux dire d’un vrai nom d’artiste […] »

« Bonne idée » lui répondit Desta « […] Mais comment veux-tu qu’on t’appelle ? »

« Appelez-moi Johnny ! Jean en américain, c’est Johnny ! Et Halliday comme vous. C’est un nom qui nous a porté chance !!! »

Selon la légende, et les souvenirs de la cousine Desta, Johnny Hallyday est né à Copenhague, le 15 juin 1956. Ce nom qui depuis ce jour a été écrit, prononcé, scandé, adulé des centaines de millions de fois par des dizaines de millions d’européens, a été prononcé pour la toute première fois par un Danois ; l’animateur du music-hall de l’Atlantic Palace de Copenhague qui l’annonça au micro, le 15 juin 1956.

Depuis les coulisses, Johnny vêtu d’un costume de cow-boy, guitare sèche en bandoulière, s’avance lentement malgré le trac qui le paralyse. La piste menant à la scène est très longue, et parvenu enfin sur la scène, il retrouve toute son assurance, et interprète L’abeille et le papillon d’Henri Salvador, Les cavaliers du ciel des Compagnons de la chanson, Le petit cheval blanc de Georges Brassens, et à partir de Copenhague, il remplaça Les Cadets de Gascogne par La Ballade de Davy Crockett, le tube de l’année 1956 composé par George Bruns pour les Studios Disney, et adapté en français par Francis Blanche, pour Annie Cordy et Jacques Hélian.

Chaleureusement applaudi par le public, le patron de l’établissement, très enjoué, demande à l’adolescent d’ajouter une cinquième chanson pour les autres représentations. Ce sera Jeux interdits, la bande originale du film du même nom, composée par Narciso Yepes, et que Rouben Mamoulian avait déjà utilisé avant René Clément pour animer Arènes Sanglantes en 1941. Cette mélodie s’appelait à l’origine Romance anonyme.