Pour la première participation de Johnny Hallyday au divertissement télévisuel à succès de TF1, Star Académy, la chaîne a mis les petits plats dans les grands.
A 18h10, un premier reportage est diffusé.
Il a été filmé la veille dans le studio d’enregistrement du Boss où les élèves se sont rendus en groupe afin de s’imprégner de la réelle atmosphère de travail d’un Géant.
Et en première partie de soirée, sur le coup de 21h00, l’animateur Nikos Aliagas ouvrait les feux avec l’emphase convenue: « […]
Soyez les bienvenus.
Nous sommes en direct sur TF1 pour une soirée événement ; une soirée pas comme les autres.
Les élèves sont en coulisses.
C’est vrai qu’ils sont morts de trac.
Ils ont travaillé toute la semaine pour être à la hauteur ce soir.
Ils vont tenter en fait de se surpasser pour honorer notre invité.
Il n’a pas chanté mesdames et messieurs sur un plateau de télévision depuis trois ans; c’est donc un événement pour nous.
En tout cas il a quarante ans de carrière, plus de cinquante albums, six Victoires de la musique, la scène est incontestablement son royaume.
Il est le seul artiste Français à avoir chanté trois soirs de suite devant 280 000 spectateurs au Stade de France.
Mesdames, Messieurs, le Roi du rock n’roll est avec nous ce soir, je vous demande de faire une triomphe à Monsieur Johnny Hallyday. »
Après douze minutes de programme, l’Idole, tout de noir vêtu, interprète son nouveau tube Marie.
Dans l’orchestre, les fans auront reconnu Nono, et dans la foule présente, ils se seront fait bruyamment remarquer.
Dix minutes plus tard, il envoie Que je t’aime en se faisant accompagner par trois élèves prénommées Noémie, Emma, et la superbe Nolwenn.
Ce soir-là, Johnny était terrifiant de perfection et de beauté.
Après trois années passées loin des scènes, il avait manifestement besoin de tester son magnétisme afin de s’assurer qu’il était intact.
En multipliant les poses, les sourires en coin, les clins d’œil, et les regards qui hypnotisent, le chaman a déployé toute la panoplie de ses sortilèges.
Dans le public, l’enthousiasme est indescriptible.
Star Académy n’est plus, ce soir, ce divertissement mièvre sur lequel on zappe négligemment, presque accidentellement.
C’est un véritable show devant lequel on reste tétanisé.
Mais quelle ambiance, quel charisme, quel Colosse.
Il faudra néanmoins patienter plus d’une demi-heure pour entendre Johnny interprété, seul, Pense à moi, un titre inédit qui paraitra sur son prochain opus, soit dans deux dodos.
Arrivent ensuite les questions des élèves au Maître qui répond avec sagesse et bienveillance: « Vous savez, les vrais conseils.
On ne peut pas vraiment donner de conseils à quelqu’un parce que on a tous nos propres émotions, on a tous, notre instinct à nous. Personne ne fonctionne de la même façon.
Alors faites surtout ce que vous avez envie de faire; et c’est là que vous serez les meilleurs ».
Sur ces entrefaites, le Boss disparait à nouveau pendant une demi-heure et reparait avec une réplique de la chemise dorée avec laquelle il se faisait introniser deux ans plus tôt devant la Tour Eiffel. Il attaque La musique que j’aime en partageant son micro avec trois garçons, Georges-Alain, Houcine et Jérémy.
Il a chanté:
Marie
Que je t'aime avec Noémie, Emma, Nolwên
Pense à moi
La musique que j'aime avec Georges Alain, Jérémy, Houcine
Trois garçons, auxquels Johnny prodigue non seulement une leçon de chant, mais également de maintien et de virilité.
A eux trois, il totalise à peine l’âge de l’Idole, et pourtant c’est incontestablement l’allure de Johnny qui parait la plus juvénile.
A leur décharge, nous pouvons comprendre qu’ils aient été pétrifiés par l’ineffable éclat de notre Dieu.
Après la dernière note de son tube, Johnny fait ses adieux au public. Il reste encore environ une quarantaine de minutes jusqu’au générique de fin.
J’éteins la télévision et je savoure, en pensées, le souvenir encore tout frais de cette soirée exceptionnelle.
C’est très probablement lors de cette émission que le surnom de « Taulier » créé par Nikos Aliagas a été attribué à l’Idole pour la première fois.
Ce sera son dernier surnom, faisant suite à une liste impressionnante de titres nobiliaires qui débuta en 1960 déjà avec la couronne de Prince du tumulte, à laquelle faisait suite le diadème d’Idole des jeunes, puis l’Idole, Le Grand, Le Survivant, La légende, Le Boss, Le Géant, Le Patron et… LUI.
Le Figaro du jour propose une interview accordée par Johnny Hallyday, dans lequel le Boss évoque son prochain opus et sa prochaine tournée, et annonce une tournée intimiste dans les petites salles en 2004; un dernier projet hélas avorté.